Notre Dame de Bonsecours

 

 

La chapelle de Notre-Dame de Bonsecours fut bâtie sur le "Mont de Peruwelz" à l'endroit précis où se trouvait un vieux chêne. Comme la plupart des vieux arbres ce chêne portait vraisemblablement des bourrelets, des excroissances représentant des formes. Une de celles-ci ressemblait probablement à une femme tenant un enfant. Ce fut donc pour l'époque un signe. De là provient, peut-être, l'image de la Vierge à l'Enfant. Cela se passait fin du 16e siècle, début 17ème où le protestantisme luthérien n'hésitait pas à s'attaquer au culte marial. Cette "image" apparaît peu de temps après que les guerres de religion déchirèrent la région de Condé, Tournai, Valenciennes. En réaction à la Réforme protestante, le clergé restaure alors les chapelles et y replace statues, images et ornements. La Réforme catholique, suite au Concile de Trente donne priorité à l'éducation religieuse du peuple.

Voici un exemple récent. Plusieurs dizaines de catholiques ont convergé mardi 24 juillet 2012 vers la ville de West New York, dans le New Jersey, pour voir l'arbre où certains d'entre eux disent avoir vu l'apparition miraculeuse de l'image de la Vierge Marie. Sur son avenue centrale, un arbre subitement vénéré se tord en un nœud où des fidèles disent avoir distingué Notre-Dame de Guadelupe. L'église catholique s'est distancée de ce supposé miracle survenu dans une ville à forte population hispanique. Les fidèles réclament que l'arbre - un Ginkgo biloba - soit protégé. "Nous voulons construire un monument" a déclaré Maria Baez, 35 ans, qui affirme être l'une des premières à avoir vu la Vierge. La première apparition a frappé le 10 juillet 2012 quand une femme, Carmen Lopez, a "vu une lumière et c'était la Vierge". Tout le monde n'y croit pas, certains affirmant que tous les arbres de ce type ont des troncs noués où l'on peut imaginer toutes sortes de personnages. "Je suis catholique et je crois beaucoup en la Vierge mais cette image dans ce nœud est juste une coïncidence, estime Ed. Venicion, 35 ans. Mais que ce soit vrai ou pas, ce qui est important c'est que cela motive la foi des gens".

Après la terrible guerre mondiale 1939-1945, n'a-t-on pas vu la statue de N.D. de Fatima se promener un peu partout dans le monde entier. Ce fut une idée émise par un jeune Oblat de Marie-Immaculée, le père Demoutiez, natif de Brasménil, qui organisa le pèlerinage de la statue de N.D. de Fatima autour du monde pour faire oublier les haines soulevées entre les nations. Partie de Fatima le 13 mai 1947 elle arriva à Bonsecours le vendredi 1 août et y reçut un accueil triomphal. Une magnifique cérémonie religieuse s'y déroula. Le 2 août 1947 elle passa à Peruwelz, Brasménil, Wasmes, Maubray, Antoing, Calonne, Chercq et Tournai.

 

Dès qu'il eut pris en charge la paroisse de Péruwelz, en 1603, dom Marin Lebrun, licencié en théologie de l'Université de Louvain, constata cette pratique religieuse qui menait ses fidèles au bois en haut du mont de Peruwelz. Il y vit un réel danger : l'arbre, le vieux chêne, était devenu un objet de culte qui pouvait se transformer en superstition. On abatti alors de chêne et on implanta à son endroit une petite chapelle et on y mit une image de la Vierge taillée dans une grosse branche (peut-être même l'excroissance).

Ce fut Martin Lebrun, curé de Péruwelz qui s'occupa à l'origine du pèlerinage à Notre-Dame de Bon-Secours dont il se préoccupa toute sa vie. (Martin Lebrun naquit à Roisin en 1575. En 1613, il est promu curé de Roucourt. Fin 1622, le curé Lebrun quitte la paroisse de Roucourt pour entrer au monastère de St. Denys-lez-Mons. En 1624, il est chargé de relever le monastère Saint-Adrien de Grammont dont il devint abbé. Il mourut à Grammont le 11 décembre 1656. Il en instaura le culte à Grammont dans la chapelle de la Vieille Montagne (Oudenberg) ou il y avait fait placer une image de la Vierge taillée également dans le bois du vieux chêne de Bonsecours.)

Le 21 novembre 1636 Martin Lebrun vint de Grammont pour la première pierre de la chapelle de Bonsecours. En 1637, l'archevêque de Cambrai, Mgr Vanderbuch, bénit la chapelle et dès lors on y célébra la messe. Le 21 novembre 1639 l'archevêque de Cambrai procéda à la consécration de l'autel et on fixa la dédicace de la chapelle. Le curé de Péruwelz, Guillaume Denyse, rédigea un premier compte en 1636.  Le deuxième compte fut rédigé en 1640. Selon le compte de 1664 un miracle se serait produit lorsque le fils de Jean Vigneron, de la ville de Mons, a été guéri par l'intercession de Notre Dame vers la fin de l'an 1661.  Par une décision de la Cour de Mons datée du 15 février 1664, le curé de Péruwelz (représentant l'abbé de Saint-Ghislain) et le chapelain du château (au nom du comte de Solre) devaient gérer ensemble les revenues et en rendre compte à chacun. Les pères Brigittins, venus d'Armentières, furent commis à la desservitude de la chapelle de Bonsecours depuis 1650.

Le chapelain de la chapelle de N.D. de Bonsecours, les pères Brigittins (desserviteurs) rendaient compte ensemble au comte de Solre (seigneur temporel) et au révérend prélat de Saint-Ghislain (patron de Péruwelz).

 

Les familles Charlart, Ghisset, Locquet, Manare, Olivier et Padon auraient eu un rôle important au début du XVIIème  siècle dans la dévotion et pèlerinage de Notre-Dame de Bonsecours.

Bernard Olivier mort à Antoing en 1556, brasseur de la Cambre à Antoing. Marié à Beatrix Pollet. Ils eurent :

Henry Olivier, cirier à Peruwelz en 1561. Devint Jésuite après la mort de sa femme. Mort de la peste à Douai le 9 juillet 1579. Marié à N … , dont :

  1. Bernard Olivier (1544-1605), originaire de Péruwelz, Jésuite. Maître ès arts, bachelier en théologie. Supérieur des Jésuites de Valenciennes. Reçu les leçons de son oncle Josse Olivier, curé de Saint-Jacques à Tournai. Prédicateur, confesseur et préfet de bibliothèque à Liège (1583), recteur du Collège de Valenciennes (1584-1593), adjoint du provincial Georges Duras (1593-1598), provincial de Belgique (1598-1605). Il décéda à Paris le 25 novembre 1605 d'une opération de la pierre.
  2. Gille Olivier, Jésuite
  3. Jeanne Olivier, décédée en janvier 1627, mariée à Jean Locquet, censier de Péruwelz, échevin en 1561. Ils eurent :
    1. Guillemette Locquet
    2. Nicolas Locquet, pasteur à Hensies en 1629
    3. Jean Locquet, maïeur de Peruwelz, laboureur. Marié à Anne Ghuisset. Ils eurent : Jean Locquet et Henry Locquet, homme de fief (1629)
    4. Hélène Locquet, mariée à Selvais Padon, censier et tenant le tordoir d'Outre-l'Eau. Ils eurent : Jean Padon, prêtre, Michel, Martin et Marie Padon.

 

On ne connaît guère Bernard Olivier (1544-1605). Péruwelz le soupçonne à peine. Son père Henry, dit Perué, était cirier (marchand de cire) en 1561. Mais ne devrait-il pas compter avec Martin Lebrun et Jean Padon parmi les créateurs et fondateurs de la dévotion et chapelle Notre-Dame de Bonsecours dans le Hainaut belge ?

A-t-il réellement formé le projet de N.D. de Bonsecours et en a-t-il pris seul l'initiative, qu'il l'a conduit, avec le concours de Martin Lebrun jusqu'en 1603 ?

Certaines personnes pieuses prennent tant de soin à ne pas se montrer dans l'œuvre qu'elles accomplissent, que l'historien a bien le droit, nous le pensons, de tout tenter pour dépister leurs actions à travers les faits connus.

Mais, dira-t-on, les Jésuites, avec lesquels Bernard Olivier était en relation, ne seraient-ils pas les instigateurs de son projet ? Tout cela est, nous en convenons, une simple hypothèse ; mais n'est-elle pas très plausible ?

Un autre exemple est la diffusion du culte et de la dévotion de Notre-Dame de Foy près de Dinant. Ce culte sera répandu dans le monde entier par les Jésuites et notamment par les missionnaires. A ce sujet il est utile de consulter l'ouvrage de P. Bouille, Brefve histoire de l'invention de l'image Nostre Dame de Foy trouvée en un chesne à Foy, baronnie de Celles-lez-Dinant, MDCIX (1609), Liège, chez Jean Ouwers, 1620. in-12°. 86 p.

Charles Malapert (Mons 1581-1630), mathématicien et astronome fut admis officiellement dans la Compagnie des Jésuites à Douai, le 1 novembre 1600, par le Provincial Bernard Olivier.

 

Bernard Olivier (1544-1605) était le neveu de Bernard Olivier (1523-1556). Ce dernier naquit à Antoing en 1523. Il parti à Rome en 1546 et travailla avec un notaire. Il entra dans la Société des Jésuites en 1549. Il était ministre (1550) de la maison ou Ignace de Loyola vivait. Il fut recteur (1551) du Collège Romain, et en 1553 il parti en Sicile pour sa santé. Il retourna en Flandre et en mai 1556 il fut nommé premier provincial en Flandre. Il mourut à Tournai le 22 août 1556 après avoir visité un Jésuite qui avait contracté la peste. Il mourut six semaines ou environ après le père Quentin Charlart, de la peste comme lui, avec lequel aussi il fut enterré dans le cimetière de Notre Dame. Très réputé pour ses prédictions éloquentes, aussi recommandable par sa prudence, que par son érudition et ses grands talents pour la chaire. Prêcha à Tourcoing dès 1553 et dans le courant des années suivantes. Il ouvrit avec Quentin Charlart une résidence à Tournai en 1554, du vivant même de saint Ignace de Loyola. Après Louvain c'était la seconde maison jésuite dans les Pays Bas méridionaux.

 

            Voici aussi ce que mentionne M. Hoverlant dans son "Essai chronologique pour servir à l'histoire de Tournai", tome 28 Supplément, publié en 1808 :

            page 214 : Le père Bernard Olivier, neveu du père Olivier Manare, aussi recommandable par sa prudence, que par son érudition et ses grands talents pour la chaire, mourut provincial de la compagnie pour les Pays-Bas.

Il semble que ce Bernard Olivier, neveu du père Manare, est celui né en 1544 à Péruwelz, fils d'Henry Olivier. Il paraît difficile que ce soit Bernard Olivier né à Antoing en 1523 alors qu'Olivier Manare est né aussi en 1523.

 

Olivier MANARE (Manarre, Manar, Mannaerts)

Né le 2 février 1523 à Quincy en Artois. Décédé à Tournai le 28 novembre 1614. Fondateur de la Compagnie de Jésus dans les Pays-Bas méridionaux. Maître es Arts à l'Université de Louvain (1546) et reçut la prêtrise durant le carême de la même année. Il vécut à Rome dans la communauté d'Ignace de Loyola qui remarquant ses qualités humaines et spirituelles le nomme recteur du Collège romain (1553) avant même qu'il n'ait terminé son noviciat. Il est ensuite recteur du Collège de Loreto (1554-1563). Inaugura les classes d'un nouveau collège de Jésuites à Lorette le 3 décembre 1554.

En 1570, il alla à Dieppe, où il convertit environ 1,500 protestants.

A la mort du père Everard Mercurian, arrivée le 1 août 1580, il fut nommé vicaire général de la Compagnie. Il convoqua la quatrième congrégation générale de l'ordre (7 février-22 avril 1581), qui nomma général le père Claude Aquaviva.

En 1585 il est nommé provincial de "Germanie inférieure". Il fut provincial de Belgique du 11 mars 1589 au 23 juin 1594. Il est considéré comme le fondateur de la Compagnie de Jésus dans les Pays-Bas septentrionaux et méridionaux. Au début de l'année 1600, il fut encore appelé à donner son appréciation sur la vie de S. Ignace par le Père Ribadeneira , ou plutot sur l'édition latine de 1587 et l'édition espagnole de 1595.

Compte de la chapelle de Notre-Dame de Bonsecours du 2 février 1664 au 1 février 1665

Compte de la chapelle de Notre-Dame de Bonsecours du 1 janvier 1705 au 31 décembre 1705

Compte de la chapelle de Notre-Dame de Bonsecours du 22 juillet 1723 au 23 juillet 1724

Compte de la chapelle de Notre-Dame de Bonsecours du 22 juillet 1724 au 23 juillet 1725

Compte de la chapelle de Notre-Dame de Bonsecours du 22 juillet 1725 au 23 juillet 1726

Compte de la chapelle de Notre-Dame de Bonsecours du 22 juillet 1726 au 23 juillet 1727

Compte de la chapelle de Notre-Dame de Bonsecours du 22 juillet 1727 au 23 juillet 1728

Compte de la chapelle de Notre-Dame de Bonsecours du 22 juillet 1729 au 23 juillet 1730

Compte de la chapelle de Notre-Dame de Bonsecours du 23 juillet 1730 au 23 juillet 1731

Péruwelz. Farde 31, numéro 11. Tiré d'un bail de 1618

Péruwelz. Farde 31, numéro 12. Bail de 1618

Péruwelz. Sommation aux Brigittins. 2 mars 1731

Réglement d'administration de la chapelle Notre-Dame de Bonsecours. 26 mai 1768

Relations généalogiques entre les familles BENOIST, CHARLART, GHISSET, LOCQUET, OLIVIER, PADON

Ouvrages à consulter

- Solange Philippart, Bonsecours au fil du temps… Péruwelz, imprimerie Colin, 1985. 184 p.

- Catherine Bousquet-Bressolier, François de Dainville S.J (1909-1971), Libr.Droz, 2004. 332 p. p.141 (Bernard Olivier)

- Paul Debuchy, Un apôtre du pays Wallon (Tournai, Lille, Tourcoing, etc) au temps de la Réforme : Le père Bernard Olivier (1523-1556). Antoing, Lille, Tournai, 1911. 189 p.

- F. Van Ortroy, Saint Ignace et le père Olivier Manare, dans "Analecta Bollandiana" Vol.32, 1913. pp.278-295

- Bibliothèque Municipale de Valenciennes. Fonds GG 95, Farde 31, Numéro 11 (Perwez). Farde dans laquelle se trouve deux petits crayons généalogiques et différentes notes et observations pour la consistance des terres et patures gisantes sur le terroir dud. Perwez appartenantes au Collège de la Compagnie de Jésus à Valenciennes.

- Eugène Soil, Les Maisons de la Compagnie de Jésus à Tournai. Société de Saint-Augustin, Desclée, de Brouwer et Cie, Bruges, MDCCCLXXXIX

- Pierre d'Outreman, Tableaux des personnages signalez de la Compagnie de Jésus, exposés en la solennité de la canonization des SS. Ignace & Franc. Xavier célébrée par le Collège de la Compagnie de Jésus. Douay, chez Baltazar Bellere, 1623 in-8. 511 p. Lyon, Claude Rigaud et Claude Obert, 1627, in-8. 51 p.

- Louis Delplace, L'établissement de la Compagnie de Jésus dans les Pays-Bas ; Le Protestantisme et la Compagnie de Jésus à Tournai. In : "Précis historiques" (1866-1887, 1901). Bruxelles

- Dictionnaire de Biographie Nationale belge.

 

Raymond V.M. Bulion

dimanche 11 novembre 2012